mercredi 27 novembre 2013

BEYROUTH

Qu'elle soit courtisane, érudite, ou dévote,
Péninsule des bruits, des couleurs, et de l'or,
Ville marchande et rose, voguant comme une flotte,
Qui cherche à l'horizon la tendresse d'un port,
Elle est mille fois morte, mille fois revécue.
Beyrouth des cent palais, et Béryte des pierres,
Où l'on vient de partout ériger ces statues,
Qui font prier les hommes, et font hurler les guerres.
Ses femmes aux yeux de plages qui s'allument la nuit,
Et ses mendiants semblables à d'anciennes pythies.
À Beyrouth chaque idée habite une maison.
À Beyrouth chaque mot est une ostentation.
À Beyrouth l'on décharge pensées et caravanes,
Flibustiers de l'esprit, prêtresses ou bien sultanes.
Qu'elle soit religieuse, ou qu'elle soit sorcière,
Ou qu'elle soit les deux, ou qu'elle soit charnière,
Du portail de la mer ou des grilles du Levant,
Qu'elle soit adorée ou qu'elle soit maudite,
Qu'elle soit sanguinaire, ou qu'elle soit d'eau bénite,
Qu'elle soit innocente, ou qu'elle soit meurtrière,
En étant Phénicienne, Arabe, ou roturière,
En étant levantine aux multiples vertiges,
Comme ces fleurs étranges fragiles sur leurs tiges,
Beyrouth est en Orient le dernier sanctuaire,
Où l'homme peut toujours s'habiller de lumière.

Nadia TUÉNI
Liban, 20 poèmes pour un amour
Éditions Dar An-Nahar, 1979.


Holiday Inn, Beyrouth, Liban 2004


















jeudi 21 novembre 2013

DES VERTES ET DES (PAS) MURS

Un commentaire sur le post "chute d'un mur" m'a laissée songeuse...

Une "ligne verte"... Noire, grise, triste, oui ! Mais "verte" !?

Je me suis donc immédiatement ruée sur Wikipédia et voici les résultats de mes recherches: la "ligne verte" désignait en France, la ligne de démarcation entre la zone libre et la zone occupée par l'armée allemande. Cette limite aurait été appelée "ligne verte" parce qu'elle apparaissait sous la forme d'un trait de couleur verte sur la carte jointe à la convention d'armistice du 22 juin 1940.

Ou..."ligne verte" de séparation entre le territoire israélien et les pays arabes voisins ; limite marquée au feutre vert sur la carte établie à la fin de la guerre israélo-arabe de 1948.

Ou..."ligne verte", zone-tampon démilitarisée depuis 1974, entre la République de Chypre et la République turque de Chypre Nord ; autre coup de crayon vert sur une carte d'état-major.

Mais pourquoi cet engouement du corps militaire pour le vert ?
Pas kaki, hein ! Vert !

Le vert, couleur de l'espoir ?
Le vert, couleur de la paix ?


L'expression fut reprise pendant la guerre civile du Liban: la "ligne verte" désignait la ligne de rupture entre les Chrétiens de Beyrouth-Est et les Musulmans de Beyrouth-Ouest ; la couleur verte faisait référence à la végétation ayant prospéré sur la ligne de front inhabitée.


Point de "ligne verte" sur le parcours du "Mur de la Honte" élevé à Berlin, pour séparation est-ouest de la ville.

Point de "ligne verte" sur le tracé des "Murs de la Paix" à Belfast pour séparation des quartiers catholiques et protestants de la ville.


La construction de ces murs était, autrefois, justifiée comme moyen de lutter contre le fascisme ou la violence. Aujourd'hui, ces murs (re)fleurissent, végétations chardonneuses, barbelés d'épines. Certains pour lutter contre l'immigration à la frontière USA-Mexique, Bulgarie-Turquie, Turquie-Syrie ; contre les trafics à Ceuta ou Melilla ; contre le terrorisme en Israël, ou encore, contre une population stigmatisée à Košice...

Il ne s'agit pas, ici, de minimiser ou d'ignorer ces questions délicates, mais l'Histoire a montré que l'érection d'un mur n'a jamais été la meilleure réponse apportée.

Derrière une "ligne jaune" à ne pas franchir, le danger.
Derrière une "ligne rouge" à ne pas franchir, la discorde.

Au-delà de la "ligne verte", l'échec.


Isalo, Madagascar 2008



















mardi 12 novembre 2013

OMBILICAL

Prendre son courage à deux mains...ou ses jambes à son cou ?
La question est récurrente pour qui hésite. Paralysante.

J'observe celui qui court, celui qui fonce. Avec surprise. Avec envie. Agacement. Je me rassure, acerbe: "il prend la grosse tête"; "il bombe le torse"; "il a les chevilles qui enflent"... Corps à géométrie variable ! Corps qui se déforme, qui se déplie, qui se déploie !

Inspirer et "se gonfler" ?
Expirer et "se dégonfler" ?


Chaque jeudi soir, mon prof de yoga le répète: "tenez votre nombril ! tenez le centre ! "

Parce que le nombril est le centre de notre énergie. Le centre de notre conscience, celui de notre force. Un centre de chaleur, de générosité, de confiance, de volonté, de désir. Parfois, d'assurance et de suffisance qu'il nous faut maîtriser. Souvent, de doute et de crainte qu'il nous faut surmonter.

Lorsque la peur s'installe, le ventre se noue. Lorsque la peur s'évanouit, le nombril est fort, notre énergie canalisée, notre esprit recentré. Concentré.

Oui, regardons-nous le nombril ! Contemplons-le, même !
Soyons nombrilistes jusqu'à l'épuisement du souffle, jusqu'à expiration !

Relaxation.
Repos.


Macau 2006





















samedi 9 novembre 2013

OUVERTURE

 9 novembre 1989,
 9 novembre 2013,

 24 ans déjà...ou seulement !?


Berlin, Allemagne 2006
















jeudi 7 novembre 2013

dimanche 3 novembre 2013

MENU(S) DÉROUTANT(S) II

Extrait tiré de M. KUNDERA, Le livre du rire et de l'oubli :

Rire ? Se soucie-t-on jamais de rire ? Je veux dire vraiment rire ; au-delà de la plaisanterie, de la moquerie, du ridicule. Rire, jouissance immense et délicieuse, toute jouissance... Je disais à ma sœur, ou elle me disait, tu viens, on joue à rire ? On s'allongeait côte à côte sur un lit, et on commençait. Pour faire semblant, bien sûr. Rires forcés. Rires ridicules. Rires si ridicules qu'ils nous faisaient rire. Alors il venait, le vrai rire, le rire entier, nous emporter dans son déferlement immense. Rires éclatés, repris, bousculés, déchaînés, rires magnifiques, somptueux et fous... Et nous riions à l'infini du rire de nos rires... Oh, rire ! Rire de la jouissance, jouissance du rire ; rire, c'est si profondément vivre.


Une méthode: YOGA DU RIRE !?



vendredi 1 novembre 2013

9 POINTS, 4 TRAITS

Petite énigme: reliez les 9 points ci-dessous par 4 lignes droites, sans lever le crayon, ni repasser sur un point déjà tracé !

...
...
...
...
...
...

Alors ?
...
...
...

Voici la solution:

Qui perd, gagne toujours !

Cet exercice ne dit pas tout, mais il est parlant !

Il n'est pas question, ici, de réussite ou d'échec, de capacité ou de performance ; il s'agit de créativité, d'espace et de liberté d'esprit !

Il est impossible de résoudre cette énigme sans s'extraire du cadre !
Il est impossible de résoudre cette énigme sans penser hors du cadre !

Think outside the box !


Or, pour ceux qui, comme moi, "thinking inside the box", ont séché sur l'énoncé, il n'est pas si facile d'abandonner ses réflexes, ses schémas, ses canevas. Ses habitudes rassurantes, sécurisantes. Le fait même de s'écarter du chemin peut être générateur de peur, de panique et de blocage psychologique. Autant d'obstacles difficiles à surmonter...

Pourtant, le "cadre" n'existe que dans nos têtes !
Et ses lignes sont variables, flottantes, fluctuantes...

Il suffirait de prendre du recul, changer de perspective, élargir son champ, reconfigurer son monde ! Et faire un premier pas sur le côté !

Prendre un risque (en français), c'est "prendre sa chance" (en anglais).

Alors, go for it !